Il y a plus de 10 ans maintenant, des réfugiés s’entassaient dans l’aéroport de Damas sous nos yeux inquiets.
Il y a près de 10 ans maintenant, la Syrie tirait ses premiers coups de terreur.
Pendant 10 ans, j’ai regardé, attendu, entendu, j’ai perdu le sommeil, mené ma vie, rêvé mon retour. Je me suis approchée, je suis repartie. J’ai construit des souvenirs de fêtes dans un pays en ruine, posé mes mémoires de défaites sur un espoir malhabile. J’ai cherché un prétexte. Alors comme le fantasme de la reconstruction syrienne, je suis arrivée par la mer, j’ai emprunté un train fantôme et j’ai suivi le tracé des anciens rails depuis les vestiges de la gare de Beyrouth en direction de celle de Damas.
144 kilomètres de promesses non tenues.
Ceci est mon journal de bord.